jeudi 15 mars 2012

Préface et introduction.



Ce livre n’est pas long. Il est facile à lire et accessible à tous. C’était ma priorité durant sa rédaction. J’aurais pu choisir de le rendre obscure et de lui donner un aspect mystérieux, en y ajoutant des références de livres d’exégèse talmudiques et kabbalistiques qui auraient certainement agrémenter la lecture des initiés. Mais non, je m’en suis tenu au strict minimum. Beaucoup de passages ont été abrégés ou annulés, quand il n’était pas nécessaire à la construction de mon développement. J’espère que mes efforts d’avoir écourté son contenu en quantité, n’affectera pas sa qualité.

Si j’ai l’espoir que certains lecteurs soient bons acheteurs de mon discours, c’est parce que j’ai la conviction, que la démarche de l’homme dans sa recherche de la vérité est sincère. Je rencontre ici et là des individus de religions différentes qui m’émerveillent de leur foi et de leur sincérité. Et je crois que leur choix dans la foi n’est autre que le résultat du tourbillon socioculturel qui nous bouscule.

J’espère que mon discours sera convaincant, et offrira une nouvelle approche à ceux qui n’ont pas eux encore la chance de choisir.
  

Les trois religions monothéistes sont exclusives. Si la vraie religion est l’islam, le judaïsme et le christianisme ne sont qu’imposture. Si le judaïsme dit vrai, les deux autres sont de fausses religions. Si le christianisme est juste, les autres ne sont que mensonge. Cependant, le fait de s’investir dans ce qui nous semble être la vérité, est un signe d’honnêteté, de spiritualité et de noblesse, et cela, toutes croyances confondues. Si vous avez ce livre entre les mains, vous faites parti de ce club noble, de ceux qui s’investissent et se battent pour la vérité. En cela, toutes les religions s’accordent et s’unissent.

Disons-le d’amblez, ce livre risque de blesser de nombreux lecteurs. Car si vous l’avez acheté (ou du moins l’avez entre les mains et allez investir du temps pour le lire) c’est le titre qui vous a attiré. Hors vous pensez savoir « à qui appartient la bible » et malgré tout, vous êtes prêts à mettre votre savoir à l’épreuve à travers cette expérience de lecture. Et si ce livre était convaincant ? Et si vous n’aviez rien à redire quant à la solidité du raisonnement ? Seriez vous capable de faire un retour complet sur vos croyances, coûte que coûte ? Supporteriez les changements drastiques que nécessite le passage d’un système de pensée à un autre ? Consentiriez-vous à subir cette mutation d’identité ?

Si votre réponse à toutes ces questions est positive, ce livre est pour vous. Vous serez certainement perturbés et confus en lisant certaines pages, irrités et agacés en en lisant d’autres. Mais quand vous achèverez sa lecture, laissez moi dors et dèja vous dire que vos maux seront soulagés. Car le choix que vous ferez, quel qu’il soit, sera le votre, et non celui produit par les aléas de la vie.


Je tiens à dire haut et fort, que ce n’est pas dans un esprit de dénigrement d’une religion ou d’une croyance quelconque que ce livre prend vie. De toutes les manières ce n’est jamais l’homme qui est l’objet dans ce livre mais l’idée. Ce travail n’est pas pour détruire ou pour salir qui que ce soit ou quoi que ce soit, mais pour construire sur des bases saines et solides. Il n’est la que pour rendre à l’esprit critique sa noblesse, qui jadis été la pierre d’édifice de l’homme et qui par les aléas de l’histoire fut mis « au placard ».

Soyez tous bénis du très haut !

Bonne lecture.

1. La foi.



Conviction personnelle ?

Si la foi se limite en un sentiment profond et en une expérience personnelle, alors disons-le d’emblée, la définition de la foi sera toujours subjective. Car dans toutes religions doctrines ou sectes on trouve des hommes respectables qui déclareront avoir vécu une expérience personnelle avec « Le très haut ». C’est à travers cela qu’ils vous inviteront (toutes religions confondues) à adopter leur doctrine.

Je parle ici de personnes honnêtes, qui ne pourraient être soupçonnées d’avoir un but autre que d’être l’écho de la vérité. Néanmoins, le fait même qu’ils n’entrevoient pas une expérience analogue  par des membres d’autres religions (alors que les exemples ne manquent pas) dévoile un manque d’objectivité. Pourtant il s’agit souvent de personnes hautement respectables et équilibrées menant une vie saine sur tous les points de vue. Alors comment comprendre cette démarche?

Ce phénomène est le résultat de l’une de deux approches de la religion, qui sont par ailleurs, diamétralement opposées et toutes les deux, fausses.

première approche

La première approche est de concevoir la religion comme une activité sociale qui à pour motif premier le fait d’être agréable de fournir une forme de divertissement auxquels on prend part si on le souhaite et quand on le souhaite. Ces activités religieuses n’obligent en rien. Par définition elles ne peuvent que procurer du bon temps. elles peuvent tantôt, combler un malaise sociale où satisfaire un instinct spirituel.

Dans ce cas de figure, la religion en question n’est pas prise réellement au sérieux mais se voit être au service d’un besoin humain, lui, est bien réel. Certains se sentent bien dans un temple, d’autres au cinéma. J’ai rencontré un « homme de religion » qui affirmé être athée, mais qui assurait que les membres de sa congrégation n’étaient intéressés que par le rituel et se moquaient pas mal de l’intégrité de leur « berger ».  L’utilité de ce rituel serait de faire un vide et un temps de calme dans un monde qui roule à une allure vertigineuse.

La seconde approche

La religion, ayant généralement été adopté à un jeune-age. L’intellect n’est pas encore assez développé pour analyser et filtrer les transformations que la doctrine en question peut opérer sur la structure psychique.

Cet individu, est endoctriné (consciemment ou inconsciemment) de manière à ne pas avoir le droit de comprendre. Quand il arrive à un age adulte et mature,  il reste  prisonnier de son système psychique qui pose fermement des limites au droit de réfléchir. Cette personne ne saisit pas qu’elle est cloisonnée derrière les barreaux de sa propre psyché. Et aucun raisonnement ne peut l’en libérer. Quand pour des raisons, souvent hormonales, les barreaux éclatent, l’atterrissage est souvent douloureux et plusieurs mois ou années sont nécessaires pour recomposer une stabilité psychique. Les cicatrices perdurent.

Ce livre s’adresse à ceux qui comprennent que la foi, bien que dépassant l’intellect humain, prend racine dans un système de pensée, lui, bien rationnel. Ce qui désire croire en Jésus parce que cela leur fait chaud au cœur ou par recherche d’une spiritualité légère et self-service, ne saisirons certainement pas les propos qui suivront. Aussi, ceux qui n’ont pas eu le droit de poser des questions, d’interroger le monde extérieur et de se servir des bases de données à notre portée, ne comprendrons pas le besoin d’un raisonnement logique. Ce livre s’adresse aux lecteurs ouverts d’esprit, prêt mettre à l’épreuve ses présupposés idéologiques et religieux.

La foi « la vraie »

La foi, telle que l’esprit humain peut considérer, c’est la fidélité à une réalité spirituelle tangible. Appelons cette réalité spirituelle X, (pour ne vexer personne).

J’ai la foi en X, si et seulement si, mon esprit humain saisit intellectuellement une raison de lui être fidèle.

C’est dire, que pour qu’il y ait raison d’être de « la foi » il faut :
1.   Etre convaincu intellectuellement de l’existence de X.
2.   Savoir de sources sures que X désire que je lui soit fidèle.
3.   Comprendre ce que cette fidélité implique.
4.   Percevoir quel est le but de ce rapport avec X.

Toute doctrine interdisant à ses membres de mettre en doute l’existence de la divinité ou de son aspect divin est intellectuellement insoutenable. Cet alinéa limitant et interdisant la remise en cause de X, montre du doigt  l’incohérence intellectuelle de l’ensemble du système et perd donc toute crédibilité.

Mais alors comment ces doctrines non rationnelles perdurent-elles ? Grâce à la garde psychique qui interdit le questionnement, qui rend hérétique toute personne mettant en marche son système de réflexion, et dans certains cas infligeant la peine de mort pour l’apostasie. Croyez-moi, ça marche très bien ! C’est la démarche de base de toutes les sectes.

Ceci étant dit, nous sommes souvent mal informés de notre propre religion, nous croyons souvent que la foi exigée, doit être par définition aveugle et que le questionnement et la réflexion montre notre infidélité. Il peut s’avérer, selon la religion en question, qu’il existe plusieurs courants religieux et que l’un d’entre eux remplisse les critères mentionnés plus haut, et soit donc « dans le vrai ». Cette pluralité est un fait qui existe dans toutes les religions et qui embrouille beaucoup.

C’est donc là, un travail de longue haleine, mais qui me semble tout autant passionnant. Un brin d’honnêteté et d’habileté intellectuelle ne seront jamais de trop. Etudier correctement les « termes et conditions » de votre religion et jugez vous-même de quoi il s’agit. S’il vous semble qu’il n’y a là qu’une supercherie, gardez la tête froide, et continuer vos recherches ailleurs.

Je vais maintenant analyser grossièrement le dogme chrétien. Afin de vérifier s’il passe cette première épreuve. Mais auparavant, je souhaite à nouveau m’excuser auprès du lecteur  chrétien qui pourrait être choqué de la virulence de mon discours.

S’il n’existe aucune preuve tangible de la suprématie de Jésus, et que tout dépend d’une « croyance sincère et aveugle » en lui et à son droit de gracier, alors le débat est clos. Certaine personne pense aussi avoir le pourvoir de gracier et vous ne pourrez pas leur prouver le contraire si ce n’est qu’en les ignorant.

Hors, le dogme chrétien repose assez solidement sur l’idée d’une conviction personnelle. Ce concept est induit férocement par les évangiles de Marc chapitre 16 vers 15 et 16 : 

« Et il leur dit : Allez dans tout le monde, et prêchez l’évangile à toute la création. Celui qui aura cru et qui aura été baptisé sera sauvé ; et celui qui n’aura pas cru sera condamné ».

Tout dépend de la conviction subjective de l’individu. Croire ou ne pas croire, là est la question. Mais est-ce bien sérieux de gérer notre vie selon un sentiment, selon une conviction subjective ?  Comment admettre que Dieu est offert à l’homme un intellect si puissant pour l’assujettir à de la subjectivité à bon marché ? Cette démarche n’est pas digne du divin.

Bien sur, on peut proposer de dire contre cet argument que Jésus a accompli miracles et prodiges témoignant sa divinité. Mais alors il ne s’agit plus de croire mais de savoir ! Ce n’est pas ce que reflètent la lecture et le dogme des évangiles,  comme nous le développerons ultérieurement. Aussi, les prodiges accomplis par jésus n’ont pas de signatures au niveau historique. Même si l’on retrouve de court texte chez certains historiens contemporains (éléments mis sérieusement en doute par nombreux historiens contemporains qui prouvent qu’il s’agit de rajout ultérieur par des chrétiens de bonne volonté…)  l’absence du récit chez les historiens d’époque, avides de ce type évènement, en dit long.

Allons plus loin.

Voyons les informations supplémentaires des évangiles de Marc au sujet de ceux qui « seront capables » de croire. Voici les versets 18 et 19 : 

« Et ce sont ici les signes qui accompagneront ceux qui auront cru en mon nom, ils chasseront les démons. Ils parleront de nouvelles langues, ils prendront des serpents, et quand ils auront bu quelque chose de mortel, cela ne leur nuira point, ils imposeront les mains aux infirmes, et ceux-ci se porteront bien. »

Sur ces deux versets voici le développement de F.B. Hole dans « reflexion sur les évangiles de Marc » : 

«Il y a des mots qui n’apparaissent pas dans cette déclaration, et certains, dans leur esprit, semblent les y trouver dans la lecture qu’ils en font. Il n’est pas dit que ces signes accompagneront tous ceux qui croient, en tout lieu et en tout temps. Si c’était le cas, nous serions forcés d’en venir à la conclusion qu’aujourd’hui, pratiquement personne n’a cru à l’Évangile : nous n’y avons même pas cru nous-mêmes !
Ces paroles de notre Seigneur, bien sûr, ont eu leur accomplissement. Sur les cinq signes mentionnés, nous pouvons en indiquer quatre qui ont eu lieu et qui sont rapportés dans le livre des Actes. Pour le cinquième, « boire quelque chose de mortel, sans que cela nuise », nous n’avons aucun témoignage et cependant il n’y a pas l’ombre d’un doute que cela soit arrivé. Le Seigneur a dit que cela arriverait et nous le croyons. Sa Parole nous suffit. Il donne les signes selon son bon plaisir, et quand il voit qu’ils sont nécessaires. »

Les propos de F.B. Hole, sont en contradiction totale avec les évangiles. Car Jésus nous dit que la croyance donne à l’homme un pouvoir spécial, ce pouvoir est un « signe » que la personne croit. Mais si le croyant ne se voit pas pouvoir accomplir ces prodiges, en quoi et pour qui ce signe existe [1]?

Dire : « Le Seigneur a dit que cela arriverait et nous le croyons. Sa Parole nous suffit. Il donne les signes selon son bon plaisir, et quand il voit qu’ils sont nécessaires » est un non-sens. Si dieu apparaît à un homme dans le désert et lui dit « je vais te faire « un signe » pour te prouver que je suis Dieu. Je vais faire tomber la pluie dans le désert du Sahara en plein été ». Si l’homme n’a aucun moyen de vérifier si cela s’est produit, il peut désirer faire confiance à la personne qui lui parle, mais il n’y a pas là, de signe.

Aussi si l’on veut être pointilleux avec F.B. Hole, on pourrait lui faire la remarque suivante. Il écrit : « . Sur les cinq signes mentionnés, nous pouvons en indiquer quatre qui ont eu lieu et qui sont rapportés dans le livre des Actes » si Jésus veut énumérer les prodiges qui peuvent être accompli par ce qui croient, il n’a pas fait une liste exhaustive. Dans les actes, on raconte au sujet des apôtres (qui sont sensé croire) bon nombre d’autres prodiges. Par exemple ressusciter les morts, quand Pierre fait revivre Tabitha (actes 9)m briser des chaînes d’acier, quand Pierre s’évade de la prison d’Hérode (actes 12) tuer par la parole (c’est beau…) quand Pierre tue Ananias et Sapphira la femme d’Ananias (actes 5)

Evidement, ce raisonnement n’a de valeur que si les fait des actes sont authentiques ce qui historiquement est loin d’être pas admis à l’unanimité.


[1] Le fait d’offrir des dons miraculeux à tout croyants, rendrait la foi chrétienne, chose facile.

2. La révélation.



Mise au point sémantique.

Avant d’entamer le sujet même de la révélation, il me semble nécessaire de faire une mise au point sémantique. Il y a des termes qui sont saisi dans la langue, que par l’existence de leur contraire. C’est cette dualité qui permet de les concevoir. Prenons un exemple : le jour et la nuit. Si le monde était constamment éclairé par le soleil, et que la notion de nuit n’existait pas alors le terme jour n’apparaîtrait pas dans notre lexique linguistique. C’est à travers l’existence de son contraire qu’on saisit le jour comme état. Il en est de même pour le terme de « religion », ce mot existe (et est saisi en tant que tel) par le biais d’une possibilité de son contraire. Notre perception du terme religion, et par procuration de l’idée de religion à proprement dit, se limite par le contraste existant avec son contraire.

Idéalement, nous devrions imaginer un monde dans lequel le divin fait parti du décor naturel. Un monde dans lequel il n’est ni remis en cause ni même sujet à débattre. Imaginer un tel univers nous mène à saisir la réelle conception de la religion. Non pas comme une possibilité parmi tant d’autre mais comme une expérience de vie non négociable et irréductible.

Je suppose que cette petite mise au point sémantique trouvera grâce aux yeux de différent corps religieux. Mais le revers de la médaille va suivre. La suite de ce chapitre ne vient pas pour dénigrer ni insulter qui que ce soit ! il est écrit dans le but d’offrir un challenge intellectuel à ceux qui sont dans une recherche constante de la vérité. (moi parmi eux)

Les trois grandes religions monothéistes de notre aire sont exclusives. Elles ne sont pas conciliables ou compatibles. Si le judaïsme représente la réelle réalité du monde, le christianisme (au sens large) et l’islam ne sont qu’une fable. Même si les religions peuvent s’asseoir à une même table pour discuter de progrés ou de problème commun, dans le fond le faussé qui nous sépare reste irréductible. Cela revient un peu à dire, que ce n’est pas en s’alimentant dans un même supermarché qu’on s’accorde pour voter un même président.

dialogue inter-religieux

Certains parties religieux de différentes fois, tente de réaliser des réunions inter religionnaires, pour « briser la glace ». Afin de tracer un pont reliant les deux cultes, ils sont forcés de glisser du plateau réel de leur foi, et de faire des concessions de taille. Ils ne représentent plus leur religion, mais leurs convictions personnelles. Leurs argumentations font souvent sourire, Ils devront donc continuer à s'enliser pour maintenir la crédibilité de leurs  discours. Il s’égare et s’éloigne bien vite de la vérité.

Au contraire, il serait préférable de convenir de nos différences et de respecter les choix de chacun, tant qu’ils n’empiètent pas sur la morale universelle et aux droits de l’homme. Cela, n’empêche en rien l’éventualité de dialogue, dans les limites et le respect des lois et des coutumes des religions en question.  Ignorer volontairement l’écart qui nous sépare, provoque le dénigrement réciproque, et ne se saurait être la cause d’un vrai dialogue.

Les trois religions et la Révélation Sinaïque.

Les trois religions monothéistes (TRM) valident le récit biblique, et la révélation de Dieu sur le mont Sinaï à l’ensemble des enfants d’Israël, au nombre minimum de six cent mille hommes. Ce n’est que par ce biais, que Dieu décida de se présenter à son peuple pour lui transmettre la bible. 

Le judaïsme considère le message divin, éternel. Le christianisme désire le dépasser ainsi que l’islam. Dans l’optique juive, nous considérons que les deux autres religions sont inventées que leurs messages, aussi pacifiques soient-ils (quand il l’est…) sont fabriqués de toute pièce dans des intérêts divers. Pourtant chacunes de ces religions utilisent la révélation sinaïque comme assise à sa foi. Une question saute alors aux yeux. Si ces croyances sont fausses, pourquoi leurs auteurs ont-ils choisi d’utiliser comme fondement la foi mosaïque ? Il aurait été plus simple d’inventer quelques choses de totalement nouveau.

Une réponse logique plausible serait de dire que la religion juive, ainsi que la révélation sinaïque était acceptées comme véridique. Il serait donc difficile de transformer des idées reconnus par une grande majorité en inventant un système déconnecté du judaïsme. Mais nous allons voir qu’il leur fallait utiliser la révélation sinaïque pour une autre raison.


Certificat d’authenticité. 

Pourquoi Dieu  choisit-il de se révéler  de manière si notoire? Parce que c’est le seul moyen de faire perdurer la preuve de l’authenticité de l’expérience sinaïque, pour les générations à venir. Une explication est ici nécessaire. Quand Dieu se révèle et ordonne les commandements aux enfants d’Israël, il désire que cette expérience puisse être le point d’encrage pour toutes les générations à venir, jusqu’à l’heure de la rédemption finale. Si Dieu s’était révélé à un public restreint, même si le message avait été accepté en temps réel, il n’aurait pas été convainquant quelques siècles plus tard.

En étudiant rétroactivement une loi transmise à un public restreint, il aurait été légitime de se demander la question suivante : « cela, ne pourrait-il pas être  l'invention de certain individu bien ou mal intentionné ? Une communauté, qui, dans le souci de créer un système social équilibré, aurait inventé un récit relevant de la science fiction. Ils auraient ici et là inséré des conseils et des commandements afin d’ériger pour leur civilisation un code moral et social. Ces individus auraient été, en l’occurrence, nos ancêtres, qui, pour donner un aspect religieux à ce système, ont ordonné sa transmission aux générations futures ».

Cette question qui sème le doute, induirait une seule conclusion. Si le message de la bible n’a pas de preuve d’authenticité, c’est qu’il a indubitablement été fabriqué de toute pièce. Il ne serait donc pas dicté par Dieu, ni de toutes autres natures inspirées. Cette bible, qui sentimentalement réchauffe nos cœurs, ne nous obligerait en rien. En fait, elle serait plutôt démodée et dépassée. Ainsi, ce peuple adopterait une foi et un comportement, prescrit par un message « suggéré » comme divin, mais qui, en fait, n’a pas de certificat d’authenticité. Ce peuple ne ferait pas preuve de sagesse mais de naïveté.

Dieu se doit donc d’assurer à son message une fiabilité tout au long des générations à venir. Il fallait donc que cette révélation soit réalisée dans  des conditions qui ne permettent pas la falsification. C’est pour cela qu’il se révéla de la façon la plus notoire devant tous les individus concernés, 600 000 hommes adultes, ne laissant aucun soupçon cohérent et rationnel quant à l’authenticité et l’exactitude du message, jusqu’à la rédemption finale[1]. 

L’expérience du Sinaï, est exclusive. Jamais aucune religion révélée (et répertorié) revendique une révélation divine à l’ensemble de son peuple. Car de telles conditions ne sont pas falsifiables.

Challenge.

Ce type de révélation, implique aussi qu’un individu qui souhaite, dès lors,  inventer une religion qui occulterai la révélation sinaïque, doit considérer remplir les conditions précédemment citées. Hors cela est simplement utopique. C’est pour cela, que le christianisme et l’islam, s’ils veulent être crédibles, doivent venir se greffer à la vraie religion. C’est là, bien entendu, l’optique juive sur la question. La chrétienté, à son tour, utilisera un tel discours pour occulter de nouvelle religion. Elle n’ignore pas que cet argument se retourne aussi contre elle.

Je souhaite terminer ce chapitre avec une question à nos lecteurs. Pourquoi Dieu, se révèle une première fois à l’ensemble des individus concernés vivant au moment de la révélation, alors que quand il désire se rétracter  pour à chrétiens et musulmans. Pourquoi lors du « remplacement » ou de l’universalisation de son message, Dieu ne se « dévoile » pas tel qu’il l’a effectué précédemment ? Pourquoi tout d’un coup, Dieu se dissimule lors d’un moment si crucial pour l’humanité.


[1] Certains chrétiens considèrent, à la lecture des textes, que dieu ne s’est pas dévoilé au peuple, mais uniquement à moise. Ils souhaitent par cela réfuter la suprématie sinaïque aux autres révélations (et par cela, redonner crédit à Jésus et son histoire). Cette démarche est loin d’être envisageable. Avant de démontrer pourquoi, il est nécessaire de comprendre le point de départ. Il vous faut donc pour comprendre correctement me propos que vous lisiez Exode ch. 20 l’épisode unique « des Dix commandements » et deutéronome ch. 4 ou cet épisode est raconté par Moise. Il faut aussi garder en tête que selon la théologie chrétienne la bible juive est correct et est d’origine divine.

Il est vrai et remarquable qu’au premier verset dans l’Exode, Dieu parle mais il n’est pas mentionné à qui directement au peuple ou via Moise ?)  Ce qui nous laisse le champ libre. Mais au verset 15 et 16 ( 18 et 19 dans les traductions chrétiennes !) il est dit «Tout le peuple entendait les tonnerres et le son de la trompette ; Il voyait les flammes de la montagne fumante. A ce spectacle, le peuple tremblait, et se tenait dans l'éloignement.  Ils dirent à Moïse : Parle-nous toi-même, et nous écouterons ; mais que Dieu ne nous parle point, de peur que nous ne mourions. ». Ici, en analysant ce verset on peut se demander : « Quand le peuple a t-il demander de passer par l’intermédiaire de Moise ? Avant le premier verset du chapitre ou après les dix commandements ? D’un coté l’ordre des versets prône pour dire que le peuple a fait cette requête après les dix commandements d’un autre coté quel sens a cette requête quand les dix commandements ont déjà été formulés ? il semble donc que cette requête fut demandée avant les dix commandements. Et donc que Dieu ne s’est jamais adressé directement à tout le peuple.

Bien que le raisonnement et respectable en soi, en lisant correctement l’ensemble de ces deux chapitres dans l’exode et le deutéronome on s’aperçoit que cette interprétation est fausse : La raison est en est très simple, il existe d’autres versets ou il est dit clairement que Dieu s’est adressé au peuple sans intermédiaire. Deutéronome (4 12) « Et l'Éternel vous parla du milieu du feu ; vous entendîtes le son des paroles, mais vous ne vîtes point de figure, vous n'entendîtes qu'une voix.” (4 15)  “Puisque vous n'avez vu aucune figure le jour où l'Éternel vous parla du milieu du feu..” (4 33) «Fut-il jamais un peuple qui entendît la voix de Dieu parlant du milieu du feu, comme tu l'as entendue, et qui soit demeuré vivant ?” et (4 36) « Du ciel, il t'a fait entendre sa voix pour t'instruire ; et, sur la terre, il t'a fait voir son grand feu, et tu as entendu ses paroles du milieu du feu.”

L’énigme qui reste à résoudre est la suivante : si Dieu ‘est adressé au peuple directement jusqu’à la fin des dix commandements dans quel but le peuple à fait cette requête de passer par Moïse puisque le discours divin été conclu ? A cela la réponse la plus simple est de dire que le peuple ne savait pas qu’il n’y avait que dix commandements. Mieux encore, en fait, il y avait beaucoup plus que dix commandements, Dieu allait enseigner lui même tout les 613 commandements mais au bout de dix le peuple a souhaité passé par l’intermédiaire de moise pour la suite de la Tora...

Tout ce qui a été dit précédement n’est autre qu’une tentative de lecture pour une personne qui souhaite sincèrement comprendre ce que le texte peut offrir. Nous avons sur ces textes, une traditio orale très riche qui permet à l’initié de comprendre la raison de la formulation énigmatique de cet épisode. Biensur cela dépasse totaleent l’objectif de ce livre.


3. La tradition ou La loi orale.


  
Qu’est ce que la Tradition orale ?

Le terme tradition utilisé aujourd’hui est loin d’être représentatif de ce que nous, juifs, appelons tradition. Il ne s’agit pas de coutume ancestrale ou de quelques formes de rituel. La tradition sont des éléments indispensables accompagnant les écritures et leur offrants un grille de lecture correct. Sans cette tradition les écritures seraient sujettes à multiples interprétations. Leurs messages seraient  obscurs et inintelligibles. Pour cela, nous veillons à garder ce message précieusement afin de pouvoir établir la lecture correcte des textes bibliques. Ce qui n’est pas chose facile.

La Tradition orale, n’est pas « orale » par coïncidence. En fait, ce n’est pas tant sa lettre qui est orale mais la manière de l’acquérir et de la léguer. Elle est comme une flamme délicate et vulnérable, comme un  flambeau précieux qui se transmet de la bouche du maître  à l’oreille de l’élève. Le maître n’est pas qu’un support cérébral passif qui ne fait que véhiculer le contenu du message divin, tous au contraire, le message s’est incarné chez lui, l’a purifié, et l’a hissé vers le sommet du mont Sinaï, pour qu’il remplisse, à son tour, le rôle du berger envers les prochaines générations. 

Pourquoi « orale » .

Il serait prétentieux de vouloir donner une réponse exhaustive à cette question. Cependant, on observe que grâce à ce code de lecture se trouvant à l’extérieur du texte, la bible renferme son secret, qui n’est accessible qu’aux personnes intéressées. Ceux, qui tente d’interpréter la bible, sans cet outil précieux, ne font que projeter leur compréhension du divin dans un texte figé et leur résultat reste bien limité et subjectif. 

Cette loi ne prend pas source dans un anti-humanisme radicale, dégagé de tout affect, mais dans un sujet bien vivant s’étant prédisposé à recevoir la loi. Cette Tora est donc tributaire du rapport que le sujet à avec le monde et avec lui-même. Quand l’élève reçoit la Tora, il ne doit pas tenter de la désubjectiver ou de la synthétiser mais de l’incarner. Cette loi doit l’induire à une introspection identitaire afin qu’elle soit comme le sang qui coule dans ses veines, afin que l’expression éternelle de la voix du Sinaï pénètre dans tout les fibres de son corps.

N’étaient disposés à ce procédé, qu’une poignée d’individu dans chaque génération, et cela jusqu’à la génération des « Tannaïm ».  

La Tradition orale aujourd’hui.

Tout ce qui a été dit jusque là, tente de représenter l’idée de Tora orale avant la décision des « Tanaïm » (décision, qui dépasse la limite de nos propos) de la « mettre en page ». Figée sur un parchemin, elle n’est plus que la représentation graphique de cette flamme. Inanimé, elle n’éclaire plus et ne réchauffe plus. 

Cependant, tout initié s’apercevra rapidement que le texte est insuffisant pour interpréter correctement la loi. Il renferme en lui courageusement encore son secret. C’est le maître qui conserve discrètement la grille de lecture permettant de déchiffrer la lettre, on ne peut donc pas en faire l’économie. Mais dorénavant, ce n’est plus par la relation maîtres-élève uniquement que la transition à lieu, mais par l’épanchement du maître et de l’élève sur la lettre qui devient le support principal de la transmission. Maître et élève s’épanchent sur le texte et lui insufflent la vie.

L’organisation singulière et la formulation insolite du canon talmudique nécessitent la présence du maître. Ses formats aussi étranges soient-ils sont les vestiges de la dimension orale première de la tora. 


Cependant, au moment de la transition de l’un à l’autre, la Tora orale retrouve son vrai visage. La, dégagé de tout affect, libéré de toutes dérivations subjectives, dénuée de tout formatage social, la loi est prête à recevoir le seau du prochain destinataire, le seau d’une prochaine génération.

C’est dire que la Tora orale n’est pas en évolution mais qu’elle se conjugue à un monde en évolution.
 
  
Avons-nous des preuves de « l’oralité biblique »

Tout cela est bien beau, émouvant même. Mais est-ce vrai ? Peut-être, que la loi orale n’est autre que des rajouts de l’homme ? Les rabbins interprètèrent à leur manière les écritures et leurs interprétations  n'engageraient qu’eux ?

Peut-être devrions-nous nous en tenir qu’à « la lettre » à proprement dit ? N’est ce pas l’unique parole de Dieu ? Qui permet à l’esprit humain de souiller la bible en y mêlant un dimension interprétative ? De quel droit pourrions-nous aux nom de Dieu rajouter des ordres et leur alléguer le statut de divin ?

Ces questions sont légitimes !

Existence de « l’oralité de la bible »

Avant d’y répondre, je voudrais prouver que même si les savants juifs vivant à l’époque du temple ne détenaient pas l’oralité de la Tora, nous sommes obligées d’accepter qu’il existe un code de lecture transmis de génération en génération. Car dans le cas contraire, nous savons combien d’encre a été déversée pour présenter diverses interprétations bibliques. Plusieurs de ces interprétations sont raisonnablement supportées par le texte brut. Quelle est alors la bonne ? La bible soumise à l’interprétation humaine et à sa subjectivité, ne représenterait plus un message divin quelconque.

Hors tout monde (en l’an 0) s’accorde pour considérer la bible comme le support unique du message divin. Sans règles précises de décodage, le message est totalement insondable.

Les débats inter-religieux et entre courants différents d’une même religion en est la preuve. Si le texte est ouvert à toutes interprétations chacun peut choisir sa voie, et le débat est stérile. J’ai eu l’occasion d’assister à des débats de ce style, où le chef d’orchestre n’est autre que la subjectivité, la conclusion reste toujours vaseuse.

Comment prouver qui possède les règles de décodage ?

Le seul support certain et indiscutable que nous disposons pour connaître le dépositaire de ce code, ne peut être autre que le texte de la bible lui-même. 

Les deux questions clé qui nous permettront de découvrir la solution de notre prolème sont les suivantes : « Le texte de la bible, nous donne t-il des indications, sur l’existence d’une oralité biblique ? Le texte de la bible, nous donne t-il des indications, sur les possesseurs des règles de décodages ? »

Preuves de l’existence d’une oralité biblique.

Voici deux passages faciles qui répondront à la première question.

Deutéronome (17,8-11) « …Tu monteras au lieu que l’Éternel, ton Dieu aura choisi et tu viendras vers les sacrificateurs, les Lévites, et vers le juge qu’il y aura en ces jours-là, et tu rechercheras, et ils te déclareront la sentence du jugement Et tu agiras conformément à la sentence qu’ils t’auront déclarée, de ce lieu que l’Éternel aura choisi, et tu prendras garde à faire selon tout ce qu’ils t’auront enseigné. Tu agiras conformément à la loi qu’ils t’auront enseignée, et selon le droit qu’ils t’auront annoncé. Tu ne t’écarteras, ni à droite ni à gauche, de la sentence qu’ils t’auront déclarée. »

Voici ici, l’ordre divin  de respecter la parole des prêtres et du juge « en ces jours ». La condition requise pour que leurs décisions aie valeur de loi divine est qu’il faut que le temple soit construit (Tu monteras au lieu que l’Éternel, ton Dieu aura choisi).  Pourquoi ne pas faire son propre jugement ? Parce qu’il est nécessaire de connaître l’interprétation unique du texte biblique pour que le jugement soit correct !  Et cela est précieusement gardé par les juges de l’époque.

Deutéronome  (12,21) « Quand l’Éternel, ton Dieu aura étendu tes limites, comme il te l’a promis, et que tu diras : Je mangerai de la viande, parce que ton âme désirera manger de la viande, tu mangeras de la viande, selon tout le désir de ton âme. Si le lieu que l’Éternel, ton Dieu aura choisi pour y mettre son nom est loin de toi, alors tu égorgeras de ton gros et de ton menu bétail, que l’Éternel t’aura donné, comme je te l’ai commandé, et tu en mangeras dans tes portes, selon tout le désir de ton âme. »

Ici, la bible nous informe qu’il est permis de manger de la viande même si elle ne provient pas d’un sacrifice. Cependant, moise nous rappelle qu’il faut auparavant suivre un certain rituel « comme je te l’ai commandé ». Et la, le lecteur assidu reste interdit devant ces versets. En fait, nul part « dans le texte » Moise nous a informé d’une  démarche particulière pour égorger les animaux afin de permettre leur  consommation. Il est clair qu’il s’agit là, de directives que Moise a transmis « oralement » à l’ensemble du peuple. Le talmud est clair a ce sujet.  Les Cinq grandes lois d’abattage rituel sont reçues oralement de Moise, qui, les a reçu au Sinaï. 


L’opinion chrétienne sur la question.

Aujourd’hui, les chrétiens, ainsi que les autres groupes religieux affiliés au christianisme remettent en question la légitimité de l’exégèse rabbinique de l’époque. Selon eux, les savants juifs ne peuvent pas rajouter expliquer et interpréter les écritures. A l’époque de la rédaction des évangiles, cela n’est pas exact. Jésus lui-même, tel que rapporté dans les évangiles, admet à différentes reprises que les savants juifs sont les représentants de la chaire de Moise.

Voici deux passages qui illustrent parfaitement ces faits.

En introduction au premier passage, il est nécessaire de savoir que les pharisiens sont dénigré sans cesse dans les évangiles. L’adjectif d’hypocrite les accompagne sans merci. (Je parlerai de l’intérêt qu’avaient les auteurs de procéder de la sorte dans le prochain chapitre.) Cependant quand il s’agit de savoir qui a raison entre pharisiens samaritain et saducéen, aux dires de Jésus, ce sont toujours les pharisiens qui remportent. 

Mattieux Chapitre 23 (1-3) « Alors Jésus parla aux foules et à ses disciples, disant : Les scribes et les pharisiens se sont assis dans la chaire de Moïse. Toutes les choses donc qu’ils vous diront, faites-les et observez-les ; mais ne faites pas selon leurs oeuvres, car ils disent et ne font pas. »

Hors, les pharisiens expliquaient la parole divine et légiféraient selon le code de la Tora orale qui leur était transmise ! (Dans le prochain chapitre, je tenterai d’expliquer ce qui forçait les rédacteurs des évangiles à présenter ainsi les pharisiens.)

Voici le second passage :

Marc 2 (23-26) « Et il arriva qu’il passait par les blés en un jour de sabbat ; et ses disciples, chemin faisant, se mirent à arracher des épis. Et les pharisiens lui dirent : 24 Voici, pourquoi font-ils, le jour de sabbat, ce qui n’est pas permis ? 25 Et lui leur dit : N’avez-vous jamais lu ce que fit David quand il fut dans le besoin et qu’il eut faim, lui et ceux qui étaient avec lui, 26 comment, au [titre] «Abiathar, souverain sacrificateur», il entra dans la maison de Dieu, et mangea les pains de proposition, qu’il n’est pas permis de manger, sinon aux sacrificateurs, et en donna aussi à ceux qui étaient avec lui ? »

Cet épisode se trouve aussi dans Luc 6 et Matthieu 12,  dans Luc, les pharisiens reprochent aux disciples de froisser les épis entre leurs mains. Jésus prend leur défense, en comparant leur action à celle de David qui se sauvé de Saül.

Si Jésus (ou en d’autres termes, les auteurs des évangiles) considère la démarche et l’exégèse rabbinique de l’époque infidèle, sa réaction est totalement déplacée. Il aurait du répondre tout simplement, qu’il est permis d’arracher et de froisser du blé le jour du chabbath !

Nous voyons que Jésus accepte le fait qu’il soit interdit d’arracher des épis ou de les froisser, il excuse ses disciples en comparant leur acte à celui de David (comparaison, qui n’a pas lieu d’être dans ce cas présent, mais là n’est pas notre propos).

Pourtant, nul part dans le texte de la bible, est-il mentionné  l’interdiction d’arracher du blé ou de le froisser entre les mains. Cela ne sont que des ordonnances provenant d’une exégèse rabbinique fortement discutable si elle est inventé. Si même Jésus (ou les textes le représentant) s’accorde à cette exégèse, c’est qu’il ne peut en faire l’économie. C’est donc, qu’elle est reconnue être d’ordre divine. Elle est la Tora orale reçu et transmise par les savants juifs de l’époque.

Conclusion.

L’expérience du Sinaï a eu lieu il y a à peu près 127 générations. Aujourd’hui, les juifs connus comme tels,  ont tous un arrière grand père qui acceptait le judaïsme talmudique et le pratiquait. Aucun juif caraïte peut affirmer que son arrière-grand-père est caraïte il en est de même pour les juifs messianiques et les juifs réformés. (je doute fort que l’on trouve un juif Caraïte ayant même un grand père caraïte)  tout les juifs qui n’adhérer pas à la loi orale il n’y a de cela que 5 génération, n’ont pas aujourd’hui de descendance juive !

La question qui se pose est la suivante : « Pourquoi ce judaïsme inventé par les rabbins, Dieu pris soin de les protéger, alors que toutes les autres formes de judaïsme ont disparu[1]. Nous savons combien la transmission est d’une importance capitale pour Dieu. C’est en cela qu’Abraham fut choisi, comme il est dit dans la genèse chapitre 18 verset 18-19.

« …Abraham doit devenir une nation grande et forte, et en lui seront bénies toutes les nations de la terre… Car je le connais, [je sais] qu’il commandera à ses fils et à sa maison après lui de garder la voie de l’Éternel, pour pratiquer ce qui est juste et droit, afin que l’Éternel fasse venir sur Abraham ce qu’il a dit à son égard. »

Cette notion est aussi mise en valeur dans les paroles du prophète Isaïe chapitre 59 verset 20-21.

« Et pour Sion viendra un rédempteur et pour ce de Jacob qui se sont repentis, au nom de Dieu. Et moi (Dieu) voici mon alliance avec eux, a dit l’Eternel, mon souffle que j’ai mis sur toi et la parole que j’ai placée dans ta bouche, ne s’écartera pas de ta bouche, ni de celle de tes enfants et de leurs descendants, depuis maintenant et pour l’éternité. »

Il semble superflu de dire que le seul courant religieux qui aujourd’hui  remplit ces conditions, c’est le judaïsme talmudique et rabbinique. Qui depuis toujours, et sans interruption, a transmis le message de Moise à leurs enfants et petit enfants.


[1] Et même, si au cour des dizaines de générations qui nous séparent du Sinaï, certains mouvements réapparaissent, ce n’est pas de façon continue, mais juste par des dérives momentanées causées par plusieurs organismes religieux ou laïcs de natures diverses. 

4. Le péché.




Le péché chez l’incroyant.


L’idée du péché, n’appartient pas exclusivement au domaine des religions, Bien que le terme lui-même, y soit mis au banc. Il faudrait, certes, redéfinir sa nature et ses limites, ce qui me semble nécessaire pour la suite de notre exposé.  


Même si l’homme a des passions, son instinct l’empêche de passer à l’acte. C’est dire, qu’il existe en l’homme une éthique transcendante et que violer cette éthique est une preuve de faiblesse morale. L’homme saisit le devoir de donner priorité à la morale et de dépasser ses passions[1].

Morale collective universelle.


Même si l’idée de péché est présente dans le mode de pensée athée, cela n’en reste qu’une affaire individuelle et strictement personnelle. Elle n’est qu’un moyen à travers lequel l’homme évalue son niveau moral et s’introspecte. Il n’en a de compte à rendre à personne. Seulement, pour que l’homme puisse jouir pleinement de sa liberté, pour qu’il puisse évoluer dans un milieu protégé, il va devoir mettre en place ce qu’on appelle « le contrat social » c’est à dire trouver un modèle standard d’éthique, qui inclus, un code législatif et un code pénal.

Y a t-il une morale universelle ? Peut-être que non, mais il y a un besoin universel d’une morale collective. C’est ce qui induit la mise en place « des droit de l’homme ». Chaque groupe humain, en fonction de ses besoins, de ses passions et de son histoire, érige des codes de loi pour créer une société viable. Certain vont dès le départ, laisser leurs passions prescrire ces lois, d’autre auront la hardiesse d’énoncer des lois sincères, mais devront se battre pour y souscrire.

Le péché chez les croyants.


Tout ce qui a été dit précédemment est tout autant exact pour l’homme de foi. Seulement, ce dernier considère que cette éthique est divinement induite dans l’intellect humain. Dieu créateur de l’univers, a lui-même insufflé cette morale dans l’esprit humain. De ce fait, quand l’homme transgresse cette éthique, il désobéit à la volonté divine.
Il existe deux grands types de « religion ». le premier est celui des religions naturelle. Elles sont fondées sur trois principes :

1.   L’existence d’une première cause qui est origine des mouvements physiques. Appelle généralement cette cause première Dieu mais la dénomination n’est pas importante 
2.   L’intelligence de cette cause qui a agi en suivant des lois dans un but précis, ce but dépend de la religion en question. 
3.   La croyance en l’immortalité de l’âme. ce monde n’est qu’une étape du dessein divin, qui pour des raisons secréte n’est pas dévoilé à l’homme.

Ces trois principes sont le support d’une infinité de possibilité d’éthique, purement individuelle. Chaque communauté erigera un code qui selon elle correspond à la volonté divine. Il n’est pas impossible que plusieurs éthique peuvent toutes être juste en fonction des contingences sociocultuelles des peuples qui légiférent cette éthique.

Le second type est celui des religions révélées. C’est à dire une religion prenant naissance suite à une révélation. Cette révélation est « point d’encrage » pour les croyants. Il est important de signaler que toutes les religions révélées acceptent l’idée de religions naturelles d’une ou de deux des manières suivantes :
1.   Soit, la révélation s’adresse à une communauté exclusive, comme le judaïsme aux israélites, auquel cas, les autres peuples (selon cette religion révélée) doivent souscrire à une religion naturelle.
2.   Soit, elle s’adresse à l’ensemble de l’humanité, comme certaine forme du christianisme et l’islam, auquel cas, l’idée de religion naturelle existe durant les périodes qui précèdent la révélation en question[2]. 

La faute.


Chaque homme a ses faiblesses. Certains sont aveuglés par leurs passions et ne se sentent pas en désaccord avec eux-même quand ils négligent les lois de morale auxquelles ils s’étaient auparavant souscris. Leur soumission à leurs passions est devenue si totale qu’ils ont intellectuellement reformaté leur ligne de morale à la taille de leurs passions. (n’est ce pas le cas de nombreux d’entre nous dans un ou un autre domaine…)

Les gens de nature plus spirituels, ne peuvent se permettre un tel luxe. Ils sont conscients de la contradiction entre les ordres de la morale et de leur conduite libertine. Ils vont endurer le sentiment atroce de culpabilité. Ce qui les introduit dans un tourbillon rapide les menant soit à rejeter les valeurs morales soit à perdurer dans une déprime dévastatrice. Ce sentiment de dérive peut induire la sensation d’être haie de Dieu. Comment la créature peut-elle mériter de vivre après avoir désobéi à son créateur ? Dans des cas extrêmes (mais pas rare!) Cette contradiction peut causer des tentatives de suicide. 

La solution chrétienne.


La foi chrétienne, à ce propos, est très séduisante. Elle assure le pardon immédiat à travers la croyance en la personne de jésus. Elle offre la « possibilité » d’une double identité, d’un coté une conduite libertine, où la morale n’est pas maîtresse. D’un autre elle restore la possibilité de proximité constante avec le divin. C’est la une offre bien alléchante pour l’individu en recherche de spiritualité. Son prix n’est autre que la croyance aveugle et sincère en Jésus et en la conscience d’avoir été et d’être sauvé par la croix[3].

L’individu en état de malaise spirituel, glissera volontiers vers la solution chrétienne. C’est là, le message majeur des évangiles, « la bonne nouvelle ». La personne qui n’arrive pas à surmonter ses passions et est assez sensible pour être bouleversé de ses agissements, trouvera en cela le baume qui pansera toutes ses douleurs. Seulement, ces promesses ne sont que des promesses. Avant d’entamer une séance thérapeutique chrétienne, il est louable de rester objectif et de prendre du recul.

D’où provient ce sentiment de culpabilité ?


Les textes de la bible sont clairs à ce sujet : « il n’existe pas un juste sur terre qui vie sans faute[4] » ou mieux encore, « car l’imagination du cœur de l’homme est mauvaise dès sa Jeunesse[5] ». Ces versets montrent que la faute fait partie intégrale du système humain  pourquoi l’homme doit-il donc se culpabiliser si cette condition comportementale affecte l’ensemble de l’humanité ?

Ce sentiment de culpabilité a été planté dans l’humanité et injecté dans l’esprit humain par les évangiles. En fait le nouveau testament véhicule principalement deux messages. Le premier, c’est que l’homme est responsable de ses fautes et qu’en tant qu’homme il est inéluctablement voué à pécher.  Ce message incite vicieusement l’homme, à vivre en contradiction avec lui-même. La   confrontation incessante entre passion et raison, d’où il sait pertinemment qu’il en sortira perdant, est objectivement insoutenable.

Mais les auteurs vous offrent gracieusement l’antidote à tous vos maux : le second message des évangiles : « le pardon grâce à la foi en la croix ». Pris dans cette spirale infernale, victime d’un abus de faiblesse, l’individu en quête de rectitude, et résolu à ne pas pouvoir en trouver, à cause du premier message, se voit consentir inéluctablement (souvent même subconsciamment) à l’offre alléchante des évangiles.

L’attitude correcte face au péché.


Nous aborderons auparavant, pour offrir une image complète à ce sujet, une des questions les plus existentiels qui soit : « quel est le but de l’homme sur terre ? ». Il serait convenable de consacrer un livre entier à ce sujet si complexe et si subtile. Les  propos qui suivent ne sont là, que pour offrir au lecteur, quelques notions essentielles.

La connexion de l’homme avec le divin, n’est pas de nature physique. Le sentiment de proximité avec une autre personne, même s’il s’exprime à travers l’acte, transcende la matière. L’homme, dans l’univers matériel, tend à se définir comme une existence physique. Hors objectivement, bien qu’il s’exprime et évolue dans la dimension matérielle, son être transcende la matière.

Le pécheur découvre à travers l’acte interdit, qu’il ne vit pas en symbiose avec la volonté divine, et par procuration, avec le divin. Ce manque d’équilibre entre l’homme et Dieu est souvent le produit d’élément qui dépasse le contrôle de l’individu. L’homme se voit face à une tension qu’il n’a pas choisie et de laquelle il n’est pas le maître. Une introspection objective tentera de voir en ces écarts, non pas une cause de déprime ou d’une haine divine mais d’un projet divin. Car, l’humanité dans son ensemble, est vouée, activement ou passivement à s’approcher de Dieu. Chaque homme a un rôle précis dans cette entreprise. Il hérite certaines imperfections son devoir n’est autre que de se parfaire.

La faute n’est autre que la découverte du point de départ de sa progression vers le divin. C’est la le but principal de sa vie, un vaste programme. Le sentiment de culpabilité a une place tout à fait différente que celle allouée par les évangiles. L’homme n’est pas coupable de ses fautes ou de son état de pécheur. Il est coupable seulement s’il ne met pas en place un processus d’amélioration tentant de corriger ses lacunes. Car même si l’homme n’est pas imputable de sa faute, il a le choix d’y réagir de façon constructive ou de l’ignorer.

Une personne qui utilisera la personne de Jésus pour pardonner ses fautes, s’avoue vaincue. Il tentera de créer un rempart psychologique en la foi chrétienne, pour créer une stabilité morale fitive dans laquelle il pourra mener sa vie charnelle sans souci. Mais il ne verra plus l’idée de proximité avec le divin comme le but ultime de sa vie. Il n’acceptera pas la possibilité d’un perfectionnement personnel. Dès lors, Il devra accepter qu’il est victime de son créateur, car c’est Dieu qui l’a créé pêcheur, alors qu’il aurait pu le créer juste.

Le christianisme (dans son ensemble) conçoit l’homme comme une victime obligatoire du péché, et offre Jésus en sacrifice expiatoire. Le judaïsme conçoit la faute comme un tremplin qui provoque l’homme à progresser. Le roi Salomon écrit dans ses paraboles au chapitre 24 verset 16 : « Car Sept fois le juste tombe et se relève » c’est à dire que le titre de juste n’est pas donné à celui qui ne faute pas mais à celui qui se relève de ses fautes, pour les dépasser.


[1] Je n’oserai pas prendre part au débat qui existe dans les sphères d’étude de psychologie quant théorie freudienne sur le moi et le surmoi. J’ai tenu à garder une simplicité dans le texte, cela a été mon premier souci tout au long de la rédaction. Aussi, une personne ayant un bagage de psychologie ou philosophie plus élaboré, n’aura pas de difficulté à retranscrire le contenu de ses chapitre dans un jargon qui lui parlera plus. Il me semble important de signaler que certain psychologue professionnel a fait la relecture du livre, et c’est avec son accord que ce chapitre a été publié.
[2] Le judaïsme est une religion qui s’adresse uniquement au peuple juif. Nous considérons que les autres peuples du monde se doivent d’adhérer à une éthique naturel.  Ce qui existe dans nombreux pays du monde !!
[3] Ces quelques phrases ne s’adressent pas aux chrétiens d’aujourd’hui qui en grande majorité sont d’une sincérité exemplaire ! Ce paragraphe  tente de montrer le procédé avec lequel les auteurs des évangiles ont séduit la population en quête de foi. Elle ne dépeint pas une réalité contemporaine.
[4] Ecclesiaste chapitre 7 verset 20. voir aussi proverbe chapitre 11 verset 31
[5] Genése Ch 8 Vers 21