jeudi 15 mars 2012

11. La Trinité.



L’un des principes qui différencie catégoriquement le judaïsme du christianisme n’est autre que la trinité. Dans sa forme la plus basique, voici la formule de foi catholique:

"Voici: nous adorons un Dieu dans la Trinité et la Trinité dans l’unité, sans confusion des personnes, ni division de leur substance ; La personne du Père est une, celle du Fils une, et celle de l’Esprit est une ; Mais la divinité du Père, du Fils et de l’Esprit Saint est une, leur gloire est égale et leur majesté coéternelle. "

Il serait prétentieux de la part d’un talmudiste de vouloir retracer l’historicité de ce dogme. Il existe sur ce sujet de bons livres et de bon website (faut-il encore savoir choisir…) . Ce qui m’intéresse dans ce chapitre n’est autre que d’affirmer que la trinité est une « invention » chrétienne, victime du paganisme environnant.

Cette formule, ayant pris valeur de « dogme » doit pour tenir la route être retrouver dans la bible, l’ancien testament. Pour cela certain « savants » chrétien vont être près à tordre le texte de la bible afin d’aboutir à leurs fins. Le lecteur non-initié trouvera la thèse séduisante et deviendra à son tour passeur de ce message falsifié.

Soyons objectif et gardons notre sang-froid ! Comment des « savants » chrétiens peuvent-ils penser mieux comprendre les textes de la bible que les savant juifs de l’époque du second temple ? Si le concept de la trinité est exact, pourquoi les juifs n’ont-ils pas reçu ce dogme ? 

Un pasteur chrétien m’a écrit qu’en fait les juifs croyaient en la trinité mais, pour se différencier du christianisme naissant, ont du refouler ce dogme. Je trouve cette thèse ridicule mais surtout dangereuse. Elle insinue que les juifs savaient que Jésus était leur sauveur mais que volontairement et en connaissance de cause ils refusaient sa grâce. C’est dire qu’il y avait une « conspiration nationale » qui a réussi et qui fonctionne jusqu’à aujourd’hui.

Un pasteur messianique m’a écrit, qu’en fait, les juifs savaient parfaitement l’existence de la trinité. C’est d’ailleurs à cela que correspondent les trois pains azymes de la Paques. Le pain intermédiaire qui, selon la tradition, est brisé, symbolise Jésus qui fut brisé, et les quatre coupes représente… son sang[1]. Ici encore, un tel énoncé induit l’idée d’une « conspiration national » qui marche !

Ce sont de telles thèses qui peuvent suggérer et souscrire aux théories révisionnistes et négationnistes. Les juifs qui se sont montrés capables de conspirer (à l’échelle nationale) contre leur sauveur, ont réussi à mettre en place à travers des réseaux secrets, une histoire monumentale pour accuser les allemands d’avoir tué six million de juifs !! Ces thèses révisionnistes ne se produisent que sur un sol chrétien, un sol, qui depuis des siècles, tente consciemment ou inconsciemment à déshumaniser « le juif ». De telles idées ne naîtront pas dans un pays ou le nouveau testament n’a pas autorité, comme le Japon, la Chine ou d’autres. 

Pourquoi « le juif » voudrait  conspirer contre un évènement si positif (s’il l’est…) si ce n’est qu’il incarne « Satan ». Dès lors, on ne voit pas trop de raison de se priver de l’humilier, de le torturer et de le brûler vif… ce fils de Satan.

Il est donc clair, que les juifs n’ont rien à faire avec l’idée de trinité. Les juifs suivent scrupuleusement les commandements gravés sur les tables de la loi Exode chapitre 20 (4-5) :

« Tu ne te feras point d’image taillée, ni aucune ressemblance de ce qui est dans les cieux en haut, et de ce qui est sur la terre en bas, et de ce qui est dans les eaux au-dessous de la terre. Tu ne t’inclineras point devant elles, et tu ne les serviras point »

C’est dire, que le dogme de trinité n’est pas un produit juif. Hors les chrétiens n’ont aucune raison d’ajouter au judaïsme messianique, ce principe « païens » et  polythéiste. D’ailleurs Arius et d’autres ne souscrivaient pas à ce concept. Alors pourquoi cette invention et dans quel but ? Elle ne fait que créer des dissensions dans l’église ?

Avant de répondre à cette question je voudrais relater ce que nombreux pasteurs chrétiens m’on écrit à ce sujet. Je paraphrase, mais je conserve intégralement l’idée.

« Cher monsieur, vous posez de bonnes questions. Croyez en « lui » et vous verrez la lumière ! Tant que vous n’avez pas la foi vous ètes assis dans l’obscurité… »

. A cela, j’articule ma réaction en deux temps. Tout d’abord (comme je l’ai déjà développé dans d’autres chapitres) cette réponse est un passe-partout assez banal et certainement pas convaincant. Moi, j’ai personnellement la foi que l’arbre de mon jardin est l’incarnation de Jésus dans le règne végétal. Je ne cherche pas à vous convaincre car, c’est vrai, tant que vous n’y croyez pas vous êtes dans l’obscurité. Ayez la foi et vous verrez la lumière (et moi, dans un hôpital psychiatrique)

Aussi, le christianisme à en son sein beaucoup de ramification unitarienne. Ces courants voient en Jésus le sauveur, le fils, le messie, mais pas de trinité ! Pourquoi eux, croyants en la personne de Jésus n’ont pas été éclairé ? Même s’il ne s’agit que d’une minorité, il n’en reste pas moins que durant l’histoire chrétienne des milliards d’individus souscrivaient à cette christologie.

La réponse à la question initiale, à savoir, pourquoi les chrétiens du premier siècle souhaitaient greffer la trinité à leur dogme (ainsi que d’autres concepts non-juifs) est simple. Il suffit de connaître les conditions socioculturelles de l’époque. qui sont les peuples qui vivent à proximité de « l’église » ? Quelle est la mode religieuse qui se vend ?

Les courants polythéistes avoisinants ont toujours un avantage sur une religion monothéiste, Puisqu’elles soutiennent la pluri-divinité. Les forces divines se divisent en différant « corps » et chacun peu adopter le corps qu’il préfère.  L’éventail de choix est large, il y en a pour chacun. Aussi, et cela est très important le droit d’utiliser un objet pour intermédiaire entre l’homme et le divin offre une souplesse psychologique non-négligeable. La nouvelle religion naissante avait pour particularité de se vouloir monothéiste. Pour une mode, c’est une mode. Mais cela ne peut pas tenir longtemps. Il va falloir assouplir les tournants en important « un peu » du paganisme environnant.

Comment s’y prendre pour d’un coté affirmer être une suite du judaïsme, donc monothéiste par excellence, et d’un autre coté assouplir cette unicité divine ? Comment s’y prendre pour suivre la ligne « Tu ne te feras point d’image taillée, ni aucune ressemblance de ce qui est dans les cieux en haut, et de ce qui est sur la terre en bas… » mais avoir Jésus pendu sur une croix dans toutes les églises ? Comment s’y prendre pour ne pas transgresser la suite du  verset : « …Tu ne t’inclineras point devant elles, et tu ne les serviras point » mais de prier à Jésus et en Jésus ?

Cela est « logiquement » impossible. Les pères de l’église voulant répondre à cette difficulté, ont trouvé une porte de sortie en affirmant, qu’en effet, la trinité est un mystère pour l’esprit humain.  D’autres pères de l’église  ont préférer rejeter ce dogme. (comme Arius, qui fut d’ailleurs gracieusement exclu…)

C’est particulièrement au lecteur chrétien que je m’adresse dans ces lignes. Aujourd’hui, il existe des millions de chrétiens de part le monde, qui brillent de leur sincérité et de leur honnêteté. Je crois avec ferveur, qu’ils continuent à croire à la doctrine chrétienne, à cause du système inné chez l’homme, d’assimilation et d’accommodation[2].

Eduquer un enfant dans l’ignorance religieuse totale et à l’age mature montrez-lui le culte chrétien. Suggérer lui de porter en collier une croix sur laquelle est pendu « le fils ». N’est ce pas exagérément macabre ? 

Je crois qu’en prenant du recul le dogme chrétien est aujourd’hui dépassé. S’il subsiste c’est grâce ou à cause d’éléments extérieurs qui gravite autour de lui.


[1] D’ici à penser que les juifs utilisent du sang pour confectionner leurs pains azymes, le chemin n’est pas long !
[2] Les termes « assimilation » et « accommodation » sont des termes appartenant au vocabulaire de la psychologie. Ils veulent dire que l’homme peut s’adapter à vivre dans des conditions qui ne sont pas idéales pour lui. De même il peu adapter son esprit (à cause des conditions géographiques et socioculturelles) à suivre une ligne de pensée qui ne correspond pas à son profil idéal intellectuel.

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