jeudi 15 mars 2012

13. Le Talmud


Introduction.

Ce chapitre est la raison d’être de ce livre. C’est en tant que talmudiste que j’ai entrepris sa rédaction, il est donc normal d’aborder ce sujet qui est mon thème de prédilection.

Bien que l’accès au livre soit offert à tous, l’accès à sa lettre et à son contenu nécessite nombreuses introductions. Il serait fallacieux de tenter de les énumérer ici. Même si une lecture superficielle du talmud reste possible, il s’agit là d’y entrevoir quelques bribes. Etre capable d’en saisir le sens juste,  nécessite une connaissance approfondie de différentes règles éparpillées sur l’ensemble du talmud.

La démarche la plus naturelle d’avoir une compréhension correcte du talmud demande un investissement particulier, pourtant commun à toutes les sciences : « aller à l’école ! »

En effet, il existe de par le monde des écoles spécialisé avec des maîtres de qualité qui enseigne, pas à pas, les introductions nécessaires à la découverte du talmud.

Donner une appréciation personnelle à travers une lecture superficielle et décousue revient à ouvrir un dossier de chirurgie y regarder les images et s’exclamait : «qu’ils sont cruels ! ». Ni plus, ni moins.

Jusque là, rien de bien particulier. En effet, toutes sciences peut-être entrevues à travers une lecture verticale (en quantité ou en qualité) mais on ne devient pas docteur à travers de tels procédés. Il me semble donc tout à fait illégitime qu’une personne donne son avis sur des éléments qui ne sont pas son domaine de prédilection.

Ce qu’est le talmud.

Le talmud peut être divisé en deux grandes parties. La première, la mise en page de la loi orale. La seconde certaines institutions rabbiniques offrant un cadre sécurisant pour l’accomplissement de la tora.    

Mise en page de la loi orale.

Le talmud est une œuvre qui n’appartient pas officiellement au canon de la bible. Pourquoi ? Parce qu’il représente la loi orale, et par définition la loi orale n’est pas transcrivable! Même si les Tanaïm et Amoraïm (auteurs respectifs de la Michna et du Talmud) ont compris qu’il était temps de transposer les paroles en texte, ils sont conscients, qu’il y a la, une perte de la dimension orale de la lettre. Il serait présomptueux d’essayer  de définir ce qu’est la Tora orale, pour nous qui ne l’avons pas connu dans sa dignité majestueuse, pour nous  qui ne peuvent qu’entrevoir sa nuque. Mais n’est-il pas de notre devoir d’essayer de préserver ce qu’il en reste? 

Qu’est ce que la Tora orale ?

La Tora orale, n’est pas orale par coïncidence. En fait, ce n’est pas tant sa lettre qui est orale mais la manière de l’acquérir et de la léguer. Elle est comme une flamme délicate et vulnérable, comme un  flambeau précieux qui se transmet de la bouche du maître  à l’oreille de l’élève. Le maître n’est pas qu’un support cérébral passif qui ne fait que véhiculer le contenu du message divin, tous au contraire, le message s’est incarné chez lui, l’a purifié, et l’a hissé vers le sommet du mont Sinaï, pour qu’il remplisse, à son tour, le rôle du berger envers les prochaines générations.  Et c’est du haut de la montagne que cette Tora orale prend à nouveau, naissance, comme la première fois quand la Ché’hina se faisait entendre de la gorge de Moise.

Cette loi ne prend pas source dans un anti-humanisme radicale, dégagé de tout affect, mais dans un sujet bien vivant s’étant prédisposé à recevoir la loi. Cette Tora est donc tributaire du rapport que le sujet à avec le monde et avec lui-même. Quand l’élève reçoit la Tora, il ne doit pas tenter de la désubjectiver ou de la synthétiser mais de l’incarner. Cette loi doit l’induire à une introspection identitaire afin qu’elle soit comme le sang qui coule dans ses veines, afin que l’expression éternelle de la voix du Sinaï pénètre dans tous les fibres de son corps. Sur cela le midrash nous dit « la Tora et les enfants d’Israel sont un »


Cependant, au moment de la transition de l’un à l’autre, la Tora orale retrouve son vrai visage. La, dégagé de tout affect, libéré de toutes dérivations subjectives, dénuée de tout formatage social, la loi est prête à recevoir le seau du prochain destinataire, le seau d’une prochaine génération.

C’est dire que la Tora orale n’est pas en évolution mais qu’elle se conjugue à un monde en évolution.
 
La Tora orale aujourd’hui.

Tout ce qui a été dit jusque là, tente de représenter l’idée de Tora orale avant la décision des Tanaïm (décision, qui dépasse la limite de nos propos) de la « mettre en page ». Figée sur un parchemin, elle n’est plus que la représentation graphique de cette flamme. Inanimé, elle n’éclaire plus et ne réchauffe plus de la même manière. 

Cependant, tout initié s’apercevra rapidement que le texte est insuffisant pour interpréter correctement la loi. Il renferme en lui courageusement son secret. C’est le maître qui conserve discrètement la grille de lecture permettant de déchiffrer la lettre, on ne peut donc pas en faire l’économie. Mais dorénavant, ce n’est plus par la relation maîtres-élève uniquement que la transition à lieu, mais par l’épanchement du maître et de l’élève sur la lettre qui devient le support principal de la transmission. Le Maître et l’élève s’épanchant sur le texte, lui insufflent la vie.

L’organisation singulière et la formulation insolite du canon talmudique nécessitent la présence du maître pour sonder sa lettre. Ses formats aussi étranges soient-ils sont les vestiges de la dimension orale première de la tora. Sans maîtres, l’étude du talmud est absolument burlesque et ridicule. Une lecture (sans décodeur) offre aux lecteurs un texte aberrant, sans queue ni tête. Des lois qui peuvent sembler raciste, injuste infâme, et certainement pas digne d’être témoignage de la parole de Dieu.

1 commentaire:

  1. Chalom,

    Avons-nous perdu une partie de la Torah orale ? Si c'est le cas alors comment expliquer qu'un message divin puisse s'altérer, se perdre en partie ? C'est à première vu totalement inconcevable pour un message divin.

    Merci pour vos explications

    Chalom

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