jeudi 15 mars 2012

2. La révélation.



Mise au point sémantique.

Avant d’entamer le sujet même de la révélation, il me semble nécessaire de faire une mise au point sémantique. Il y a des termes qui sont saisi dans la langue, que par l’existence de leur contraire. C’est cette dualité qui permet de les concevoir. Prenons un exemple : le jour et la nuit. Si le monde était constamment éclairé par le soleil, et que la notion de nuit n’existait pas alors le terme jour n’apparaîtrait pas dans notre lexique linguistique. C’est à travers l’existence de son contraire qu’on saisit le jour comme état. Il en est de même pour le terme de « religion », ce mot existe (et est saisi en tant que tel) par le biais d’une possibilité de son contraire. Notre perception du terme religion, et par procuration de l’idée de religion à proprement dit, se limite par le contraste existant avec son contraire.

Idéalement, nous devrions imaginer un monde dans lequel le divin fait parti du décor naturel. Un monde dans lequel il n’est ni remis en cause ni même sujet à débattre. Imaginer un tel univers nous mène à saisir la réelle conception de la religion. Non pas comme une possibilité parmi tant d’autre mais comme une expérience de vie non négociable et irréductible.

Je suppose que cette petite mise au point sémantique trouvera grâce aux yeux de différent corps religieux. Mais le revers de la médaille va suivre. La suite de ce chapitre ne vient pas pour dénigrer ni insulter qui que ce soit ! il est écrit dans le but d’offrir un challenge intellectuel à ceux qui sont dans une recherche constante de la vérité. (moi parmi eux)

Les trois grandes religions monothéistes de notre aire sont exclusives. Elles ne sont pas conciliables ou compatibles. Si le judaïsme représente la réelle réalité du monde, le christianisme (au sens large) et l’islam ne sont qu’une fable. Même si les religions peuvent s’asseoir à une même table pour discuter de progrés ou de problème commun, dans le fond le faussé qui nous sépare reste irréductible. Cela revient un peu à dire, que ce n’est pas en s’alimentant dans un même supermarché qu’on s’accorde pour voter un même président.

dialogue inter-religieux

Certains parties religieux de différentes fois, tente de réaliser des réunions inter religionnaires, pour « briser la glace ». Afin de tracer un pont reliant les deux cultes, ils sont forcés de glisser du plateau réel de leur foi, et de faire des concessions de taille. Ils ne représentent plus leur religion, mais leurs convictions personnelles. Leurs argumentations font souvent sourire, Ils devront donc continuer à s'enliser pour maintenir la crédibilité de leurs  discours. Il s’égare et s’éloigne bien vite de la vérité.

Au contraire, il serait préférable de convenir de nos différences et de respecter les choix de chacun, tant qu’ils n’empiètent pas sur la morale universelle et aux droits de l’homme. Cela, n’empêche en rien l’éventualité de dialogue, dans les limites et le respect des lois et des coutumes des religions en question.  Ignorer volontairement l’écart qui nous sépare, provoque le dénigrement réciproque, et ne se saurait être la cause d’un vrai dialogue.

Les trois religions et la Révélation Sinaïque.

Les trois religions monothéistes (TRM) valident le récit biblique, et la révélation de Dieu sur le mont Sinaï à l’ensemble des enfants d’Israël, au nombre minimum de six cent mille hommes. Ce n’est que par ce biais, que Dieu décida de se présenter à son peuple pour lui transmettre la bible. 

Le judaïsme considère le message divin, éternel. Le christianisme désire le dépasser ainsi que l’islam. Dans l’optique juive, nous considérons que les deux autres religions sont inventées que leurs messages, aussi pacifiques soient-ils (quand il l’est…) sont fabriqués de toute pièce dans des intérêts divers. Pourtant chacunes de ces religions utilisent la révélation sinaïque comme assise à sa foi. Une question saute alors aux yeux. Si ces croyances sont fausses, pourquoi leurs auteurs ont-ils choisi d’utiliser comme fondement la foi mosaïque ? Il aurait été plus simple d’inventer quelques choses de totalement nouveau.

Une réponse logique plausible serait de dire que la religion juive, ainsi que la révélation sinaïque était acceptées comme véridique. Il serait donc difficile de transformer des idées reconnus par une grande majorité en inventant un système déconnecté du judaïsme. Mais nous allons voir qu’il leur fallait utiliser la révélation sinaïque pour une autre raison.


Certificat d’authenticité. 

Pourquoi Dieu  choisit-il de se révéler  de manière si notoire? Parce que c’est le seul moyen de faire perdurer la preuve de l’authenticité de l’expérience sinaïque, pour les générations à venir. Une explication est ici nécessaire. Quand Dieu se révèle et ordonne les commandements aux enfants d’Israël, il désire que cette expérience puisse être le point d’encrage pour toutes les générations à venir, jusqu’à l’heure de la rédemption finale. Si Dieu s’était révélé à un public restreint, même si le message avait été accepté en temps réel, il n’aurait pas été convainquant quelques siècles plus tard.

En étudiant rétroactivement une loi transmise à un public restreint, il aurait été légitime de se demander la question suivante : « cela, ne pourrait-il pas être  l'invention de certain individu bien ou mal intentionné ? Une communauté, qui, dans le souci de créer un système social équilibré, aurait inventé un récit relevant de la science fiction. Ils auraient ici et là inséré des conseils et des commandements afin d’ériger pour leur civilisation un code moral et social. Ces individus auraient été, en l’occurrence, nos ancêtres, qui, pour donner un aspect religieux à ce système, ont ordonné sa transmission aux générations futures ».

Cette question qui sème le doute, induirait une seule conclusion. Si le message de la bible n’a pas de preuve d’authenticité, c’est qu’il a indubitablement été fabriqué de toute pièce. Il ne serait donc pas dicté par Dieu, ni de toutes autres natures inspirées. Cette bible, qui sentimentalement réchauffe nos cœurs, ne nous obligerait en rien. En fait, elle serait plutôt démodée et dépassée. Ainsi, ce peuple adopterait une foi et un comportement, prescrit par un message « suggéré » comme divin, mais qui, en fait, n’a pas de certificat d’authenticité. Ce peuple ne ferait pas preuve de sagesse mais de naïveté.

Dieu se doit donc d’assurer à son message une fiabilité tout au long des générations à venir. Il fallait donc que cette révélation soit réalisée dans  des conditions qui ne permettent pas la falsification. C’est pour cela qu’il se révéla de la façon la plus notoire devant tous les individus concernés, 600 000 hommes adultes, ne laissant aucun soupçon cohérent et rationnel quant à l’authenticité et l’exactitude du message, jusqu’à la rédemption finale[1]. 

L’expérience du Sinaï, est exclusive. Jamais aucune religion révélée (et répertorié) revendique une révélation divine à l’ensemble de son peuple. Car de telles conditions ne sont pas falsifiables.

Challenge.

Ce type de révélation, implique aussi qu’un individu qui souhaite, dès lors,  inventer une religion qui occulterai la révélation sinaïque, doit considérer remplir les conditions précédemment citées. Hors cela est simplement utopique. C’est pour cela, que le christianisme et l’islam, s’ils veulent être crédibles, doivent venir se greffer à la vraie religion. C’est là, bien entendu, l’optique juive sur la question. La chrétienté, à son tour, utilisera un tel discours pour occulter de nouvelle religion. Elle n’ignore pas que cet argument se retourne aussi contre elle.

Je souhaite terminer ce chapitre avec une question à nos lecteurs. Pourquoi Dieu, se révèle une première fois à l’ensemble des individus concernés vivant au moment de la révélation, alors que quand il désire se rétracter  pour à chrétiens et musulmans. Pourquoi lors du « remplacement » ou de l’universalisation de son message, Dieu ne se « dévoile » pas tel qu’il l’a effectué précédemment ? Pourquoi tout d’un coup, Dieu se dissimule lors d’un moment si crucial pour l’humanité.


[1] Certains chrétiens considèrent, à la lecture des textes, que dieu ne s’est pas dévoilé au peuple, mais uniquement à moise. Ils souhaitent par cela réfuter la suprématie sinaïque aux autres révélations (et par cela, redonner crédit à Jésus et son histoire). Cette démarche est loin d’être envisageable. Avant de démontrer pourquoi, il est nécessaire de comprendre le point de départ. Il vous faut donc pour comprendre correctement me propos que vous lisiez Exode ch. 20 l’épisode unique « des Dix commandements » et deutéronome ch. 4 ou cet épisode est raconté par Moise. Il faut aussi garder en tête que selon la théologie chrétienne la bible juive est correct et est d’origine divine.

Il est vrai et remarquable qu’au premier verset dans l’Exode, Dieu parle mais il n’est pas mentionné à qui directement au peuple ou via Moise ?)  Ce qui nous laisse le champ libre. Mais au verset 15 et 16 ( 18 et 19 dans les traductions chrétiennes !) il est dit «Tout le peuple entendait les tonnerres et le son de la trompette ; Il voyait les flammes de la montagne fumante. A ce spectacle, le peuple tremblait, et se tenait dans l'éloignement.  Ils dirent à Moïse : Parle-nous toi-même, et nous écouterons ; mais que Dieu ne nous parle point, de peur que nous ne mourions. ». Ici, en analysant ce verset on peut se demander : « Quand le peuple a t-il demander de passer par l’intermédiaire de Moise ? Avant le premier verset du chapitre ou après les dix commandements ? D’un coté l’ordre des versets prône pour dire que le peuple a fait cette requête après les dix commandements d’un autre coté quel sens a cette requête quand les dix commandements ont déjà été formulés ? il semble donc que cette requête fut demandée avant les dix commandements. Et donc que Dieu ne s’est jamais adressé directement à tout le peuple.

Bien que le raisonnement et respectable en soi, en lisant correctement l’ensemble de ces deux chapitres dans l’exode et le deutéronome on s’aperçoit que cette interprétation est fausse : La raison est en est très simple, il existe d’autres versets ou il est dit clairement que Dieu s’est adressé au peuple sans intermédiaire. Deutéronome (4 12) « Et l'Éternel vous parla du milieu du feu ; vous entendîtes le son des paroles, mais vous ne vîtes point de figure, vous n'entendîtes qu'une voix.” (4 15)  “Puisque vous n'avez vu aucune figure le jour où l'Éternel vous parla du milieu du feu..” (4 33) «Fut-il jamais un peuple qui entendît la voix de Dieu parlant du milieu du feu, comme tu l'as entendue, et qui soit demeuré vivant ?” et (4 36) « Du ciel, il t'a fait entendre sa voix pour t'instruire ; et, sur la terre, il t'a fait voir son grand feu, et tu as entendu ses paroles du milieu du feu.”

L’énigme qui reste à résoudre est la suivante : si Dieu ‘est adressé au peuple directement jusqu’à la fin des dix commandements dans quel but le peuple à fait cette requête de passer par Moïse puisque le discours divin été conclu ? A cela la réponse la plus simple est de dire que le peuple ne savait pas qu’il n’y avait que dix commandements. Mieux encore, en fait, il y avait beaucoup plus que dix commandements, Dieu allait enseigner lui même tout les 613 commandements mais au bout de dix le peuple a souhaité passé par l’intermédiaire de moise pour la suite de la Tora...

Tout ce qui a été dit précédement n’est autre qu’une tentative de lecture pour une personne qui souhaite sincèrement comprendre ce que le texte peut offrir. Nous avons sur ces textes, une traditio orale très riche qui permet à l’initié de comprendre la raison de la formulation énigmatique de cet épisode. Biensur cela dépasse totaleent l’objectif de ce livre.


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